samedi 29 mai 2010

Chapitre 3, versets 14 à 22

1. Introduction :

Avec l’Eglise qui se trouve à Laodicée, nous clôturons le tour d’horizon que fait le Seigneur des sept églises d’Asie, tour d’horizon qui, nous l’avons vu, est à la fois une vue générale du développement de l’Eglise dans l’histoire depuis sa naissance, mais aussi un inventaire de tous les maux dont l’Eglise, localement ou dans son ensemble, peut être affligée.

Dans l’inventaire que dresse le Seigneur, nous voulons nous rappeler que les maux qui se suivent ne se ressemblent pas. Si certains maux ont leur source à l’extérieur de l’église (la persécution) la plupart d’entre eux proviennent, tel celui qui frappe ici Laodicée, de l’intérieur : perte du premier amour (Ephèse), fausse doctrine (Pergame), faux prophète (Thyatire), mort spirituelle (Sardes). C’est davantage par ce qui se passe à l’intérieur de l’Eglise que vient pour elle le danger que par ce qui provient de l’extérieur.

L’avertissement de Paul aux anciens d’Ephèse lors de ses adieux va dans le même sens : « Je sais bien, moi, qu’après mon départ s’introduiront parmi vous des loups féroces qui n’épargneront pas le troupeau, et que d’entre vous-mêmes se lèveront des hommes qui diront des choses perverses pour entraîner les disciples à leur suite : Actes 20,29-30. »

Une autre constatation, qui s’applique aussi à Laodicée, que nous avons pu faire au cours de cette étude est que, pratiquement toujours, les maux qui frappent les Eglises dont il est question sont en lien avec l’environnement (les villes) dans lesquelles elles se situent. C’est un constat qui est vrai non seulement ici mais, parfois, pour les églises auxquelles Paul écrit dans le Nouveau Testament : l’exemple de Corinthe.

L’application directe que l’on peut tirer de ce constat qui ressort dans l’étude des lettres adressées par le Seigneur aux églises de l’Apocalypse est que, sans que nous nous en rendions compte, nous sommes beaucoup plus perméables et influencés que nous ne le pensons par l’environnement moral, culturel ou idéologique dans lequel nous baignons.

Exemple : pour un chrétien issu d’une culture fortement religieuse, le fait d’aller au culte ne se posera même pas. De même qu’il allait à la mosquée le vendredi, le chrétien d’origine musulmane rejoindra naturellement son assemblée le dimanche. Pour nous français, héritiers de la laïcité et de la libre pensée, qui a fait de nous une nation surtout marquée par l’individualisme, cette obligation ne nous paraîtra pas aussi contraignante. On peut certes aller au culte, c’est bien ! Mais on peut aussi s’en passer de temps en temps : on n’en tombera pas malade ! Les considérations personnelles comptent autant, si ce n’est plus, que celles qui sont communautaires. Ces différences ne procèdent pas seulement de l’opinion ou de la conscience de chacun. En grande partie, elles reflètent les principes de la culture dans laquelle nous avons grandi.

Le même parallèle peut être fait quant au style qui marque les églises. Ce n’est pas pour rien si nous, français, sommes parfois si rationnels dans notre foi, ou les allemands si carrés, ou les italiens ou les anglo-saxons si exubérants. Le tour d’horizon que fait Jésus des églises doit nous rendre sensible à cette réalité. Toutes les églises locales qui sont dans le monde reflètent, dans une certaine mesure, la mentalité, la culture, les valeurs de l’environnement dans lequel elles se situent. A nous de veiller à ce que ces normes et cette influence ne prévalent pas au point, comme cela a déjà été le cas, de faire perdre à l’Eglise ce qui fait sa particularité et son identité premières : son appartenance à Christ, son Seigneur.

2. Laodicée :

Comme il en est pour les autres églises, il nous est impossible de comprendre la raison des termes et des expressions employés par le Seigneur pour parler aux chrétiens de Laodicée sans connaître l’histoire et les particularités de la ville dans laquelle l’église se situe.

1ère particularité de Laodicée : sa richesse. Réputée pour son industrie textile, Laodicée était une des villes les plus riches de la province d’Asie. Elle était à la foi un centre commercial pour toute la région et un centre bancaire important. Les historiens rapportent que la richesse de Laodicée était telle, qu’après le tremblement de terre qui la frappa en l’an 60, la ville refusa l’aide que voulait lui donner le gouvernement romain pour sa reconstruction. Grâce à leurs opérations bancaires, les laodicéens estimaient qu’ils avaient assez d’argent dans leurs coffres pour être autonomes et n’avoir besoin de personne.

Parallèle avec le sentiment qui habitait les chrétiens : je suis riche, je n’ai besoin de rien : Apoc 3,17.

2ème particularité : Outre sa richesse, Laodicée était célèbre pour ses sources thermales chaudes qui attiraient de nombreux malades. A Laodicée, on pouvait trouver de l’eau à toutes les températures possibles : chaude, froide où tiède. Le sachant, on comprend mieux l’allusion faite par Jésus aux chrétiens de Laodicée sur la température de leur état spirituel : Apoc 3,15.

3ème particularité enfin : Outre sa richesse et ses eaux thermales, une autre chose faisait le renom de Laodicée : son école de médecine où l’on soignait surtout les malades des yeux, grâce à un collyre fameux que l’on fabriquait sur place à l’aide d’une poudre nommée « baume de Phrygie ». Là aussi, on comprend mieux la raison de la référence de Jésus au collyre pour guérir l’aveuglement des Laodicéens : Apoc 3,18.

3. Les enseignements de la lettre :

A. Le nom sous lequel le Seigneur s’adresse à Laodicée : v 14

Nous l’avons vu : le nom sous lequel le Seigneur se présente aux différentes églises est en lien direct avec les difficultés particulières dont a à faire face la communauté à qui Il s’adresse. L’église de Laodicée n’échappe pas à la règle.

Voici ce que dit l’Amen, le témoin fidèle et vrai… A la lumière de la Bible, trois significations précises peuvent être données au mot Amen, que nous prononçons si souvent, sans peut-être nous rendre compte de sa portée :

1ère signification : Amen = Vérité. Même s’il n’est pas traduit de la sorte dans la Bible, le mot Amen est l’un des mots les plus souvent employés par Jésus. On le retrouve particulièrement chaque fois que, voulant appuyer une de ses déclarations, Jésus l’introduit par l’expression : En vérité, en vérité… Le mot traduit par en vérité dans nos Bibles est écrit Amen dans les écrits originaux. L’Amen c’est la vérité dite par Dieu.

2ème signification : nous la trouvons en 2 Cor 1,20. Paul, parlant des promesses que Dieu nous fait, nous dit que l’Amen que nous prononçons en guise de souhait pour leur réalisation, se trouve en Jésus. L’idée qui est ici énoncée par Paul en ce qui concerne l’Amen et que, sur le plan des promesses de Dieu, rien ne nous est possible en-dehors de Jésus. Tout passe obligatoirement par Lui !

L’objectif du Seigneur en se présentant à Laodicée sous cette expression est clair. Il veut rappeler à l’église que, quels que soient le confort et la suffisance dans laquelle elle vit, c’est Lui seul qui est le garant du trésor spirituel qu’elle possède vraiment. Jésus avertit ici l’église qu’elle ne doit pas confondre apparence et réalité. La vérité sur la richesse d’une église ne se trouve pas dans les biens qu’elle possède : beaux locaux, matériels sophistiqués, éclairage, sono nec plus ultra… Elle est dans sa capacité de dépendre de Dieu et de Christ pour vivre et être au bénéfice des promesses qu’Il fait dans Sa Parole.

3ème signification : l’Amen est la conclusion, la fin de tout : Apoc 22,20 : pratiquement le dernier mot de la Bible ! Puisque Jésus est l’Amen, qu’Il est à la fois le début et la fin de tout, l’église de Laodicée, comme toute église, ferait bien d’orienter les choix qu’elle fait en fonction, non du moment présent, mais de cette fin dernière à laquelle elle sera inévitablement un jour confrontée.

Si, selon ce que l’on peut penser, le message que le Seigneur adresse à l’église de Laodicée concerne le développement de l’Eglise dans sa phase terminale, celle qui précède le retour du Christ, la riaosn par Lui de l’emploi du nom sous lequel Il se présente devient alors très claire :

Deux styles de vie peuvent exister pour le chrétien des derniers temps :

- le premier est celui qu’a adopté l’église de Laodicée. C’est un style de vie centrée sur l’homme, sa satisfaction, son confort, son bien-être du moment présent. C’est un style de vie qui, contrairement à ce qui peut être confessé dans l’église, démontre qu’il n’a pas pour fin le Seigneur et l’éternité, mais l’homme et son épanouissement dans le présent. C’est le style de vie de ceux qui lient l’Evangile à la prospérité, la santé, le bien-être, la richesse qui sont, pour ceux qui y adhèrent, autant de marques de la bénédiction de Dieu : l’Evangile des droits de l’homme !

- le second est celui auquel le Seigneur appelle les laodicéens. C’est un style de vie où ce ne sont pas les choses présentes, mais Lui, Jésus, qui est la fin dernière, un style de vie centré sur le Christ, où, ce qui est recherché, n’est pas d’abord la réussite ici-bas, mais l’approbation du Seigneur et la récompense finale. C’est un style de vie plus austère qui exige à la fois un détachement (certes, on est dans le monde, mais on ne vit pas comme si le monde était l’essentiel) et une préoccupation, traduite par Paul en Phil 3,13, par ces mots :

« En ce qui me concerne une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière et tendant vers ce qui est en avant, je cours vers le but pour obtenir le prix de l’appel céleste de Dieu en Jésus-Christ. »

Tel est l’appel lancé par Jésus à l’Eglise de Laodicée… et à nous, chrétiens du XXIème siècle qui, peut-être, la représentons !

B. Les symptômes d’une vie chrétienne laodicéenne : ils sont triples :

1er symptôme : la tiédeur : v 15 et 16

Lorsqu’il est parlé ici de la tiédeur, le Seigneur n’évoque pas seulement une question de température. Il fait allusion au goût que lui laisse à la bouche les chrétiens de Laodicée. Je ne sais pas si vous êtes comme moi : mais une eau tiède, même naturelle, n’est pas agréable à boire. En général on apprécie une boisson lorsqu’elle est bien fraîche ou lorsqu’elle est bien chaude. On peut boire un café glacé ou un café chaud avec plaisir, mais le plaisir est gâché lorsque le café est tiède. Pour qui est surpris, le réflexe peut aller jusqu’à le recracher.

La question se pose : sommes nous pour le Seigneur une source de chaleur ou de rafraîchissement ; ou le goût qu’il ressent à notre contact est-il le même que celui que nous ressentons au contact d’une boisson tiède.

« Comme la fraîcheur de la neige au temps de la moisson est un messager fidèle pour celui qui l’envoie. il restaure l’âme de son maître : Prov 25,13.

« Si je dis : je ne ferai plus mention de Lui, je ne parlerai plus en Son nom. Il y a dans mon cœur , dit Jérémie, un feu dévorant qui est renfermé dans mes os. Je m’efforce de le contenir et je ne le puis : Jérémie 20,9.

Dans quel état se trouve notre cœur ce matin pour le Seigneur ? Le seigneur veut à notre contact sentir à la fois fraîcheur et chaleur ! Sachons qu’il nous est impossible d’être agréable au Seigneur si nous n’avons ni entrain, ni zèle, ni fidélité envers Lui !

2ème symptôme : la suffisance : v 17

Tu dis… Les chrétiens de Laodicée, estimaient, comme les autorités de la ville, n’avoir besoin de rien. Ils se suffisaient à eux-mêmes, trompés qu’ils étaient par leur apparente richesse. Il n’y a rien de plus grave pour la vie spirituelle que de n’avoir plus aucune soif, de ne ressentir aucun besoin d’être avec le Seigneur, de se nourrir de Sa Parole, de progresser.

La suffisance dans la vie chrétienne est toujours un signe de tiédeur, de pauvreté spirituelle et d’aveuglement (3ème symptôme) !

C. Le remède préconisé par le Seigneur pour Laodicée :

Les signes ou les symptômes d’une vie chrétienne laodicéenne étant triples, le Seigneur prescrit en vue de la guérison de cet état un triple remède :

1er remède : pour la guérir de sa pauvreté spirituelle, Il lui conseille d’acheter de l’or purifié par le feu : v 18

Qu’est ce que cet or ? Pierre nous en donne dans sa première épître la définition : 1 Pierre 1,6-7. Cet or éprouvé par le feu est une foi de qualité, semblable à celle de l’or lorsque, passé par le feu, il est débarrassé de tous les matériaux impurs qui lui étaient associés. Le désir de Dieu est que notre foi, comme l’or, soit un matériau pur, qu’elle soit débarrassée dans ce qui fait son attente de tout ce qui ne correspond pas à ce que Dieu nous a promis.

Rappelons-nous toujours que si Dieu nous déçoit, cela n’est dû en rien au fait qu’Il n’honorerait pas Ses promesses à notre égard, mais uniquement au fait que nous avions envers Lui des attentes pour lesquelles Il ne s’est jamais engagé. Dieu ne nous a promis ni la réussite dans ce monde, ni une vie facile ou sans épreuve. Ce qu’Il a nous a promis est d’être avec nous dans tout ce que nous vivrons pour nous garder pour le jour du salut !

2ème remède : pour la délivrer de sa nudité, Il lui conseille d’acheter des vêtements blancs.

Il est fort probable qu’étant riches, les membres de l’église de Laodicée se démarquaient des autres par leur habillement soigné et raffiné. Derrière l’apparence, le Seigneur connaissait le véritable état de chacun, en particulier la pauvreté de cœur affligeante dans lequel la majorité se trouvait.

Jésus leur conseille donc d’acheter des vêtements blancs. Les vêtements blancs dans l’Apocalypse, c’est à la fois les œuvres et la marque du caractère chrétien qui parent les saints devant Dieu : Apoc 19,8 ; cf 1 Pierre 3,4-5. Notre véritable beauté devant Dieu n’est pas dans notre physique ou notre apparence, mais dans notre douceur et notre amour pour le Christ.

3ème remède : pour la délivrer de son aveuglement, il lui conseille d’acheter un collyre

L’œil, a dit Jésus, est la lampe du corps. Si tout ton œil est en bon état, tout ton corps sera illuminé : Mat 6,22. Ote premièrement la poutre qui est dans ton œil, a encore dit Jésus, et tu verras comment ôter la paille dans l’œil de ton frère : Mat 7,5.

Une église qui a des yeux malades est une église qui ne voit plus clair, qui ne sait plus discerner l’erreur de la vérité, l’important de l’accessoire, le prioritaire du secondaire. Ce trouble visuel la rend inévitablement vulnérable aux séducteurs qui, certes, peuvent lui en mettre plein la vue, mais la rendent encore plus aveugle que ce qu’elle n’était. Ce dont l’Eglise a besoin est, non de la vue humaine des choses, mais de la vision nette que donne l’Esprit à celui qui se soumet à Christ : cf 1 Jean 2,26-27.

Une foi centrée sur l’essentiel, débarrassée des éléments humains qui lui sont étrangers, les vêtements blancs du caractère et des œuvres chrétiennes, le discernement que donne l’Esprit : tels sont les trois traitement prescrits par le Seigneur pour remédier à l’état de tiédeur de Laodicée.

Avec à la clé deux promesses :

- pour le présent : le retour à une intimité personnelle avec Lui : 3,20

- pour l’éternité : la promesse au vainqueur du monde et de son esprit du partage de la royauté avec Christ : 3,21

Que le Seigneur nous donne d’appliquer chaque jour dans notre vie les traitements prescrits ici pour nous garder de la corruption du monde !

Je viens bientôt !