vendredi 19 novembre 2010

Apocalypse 7 : visions célestes

1. Un temps de pause :

Comme ce fut le cas aux chapitre 4 et 5, après que le Seigneur ait ordonné à l’apôtre Jean de s’adresser aux sept églises et avant qu’Il commence à ouvrir les six premiers sceaux du jugement, le chapitre 7 ouvre un temps de pause au cours duquel nous quittons la terre pour nous retrouver transportés dans des visions célestes qui ont pour objet le peuple de Dieu.

Impressionnés par la description des fléaux qui s’abattent sur le monde en guise de jugement, nous pouvons vite nous laisser à penser que celui-ci occupe le thème et l’objet principal de la Révélation. C’est en oublier une autre réalité, celle-ci beaucoup plus positive que la première ! Car si le jugement est nécessaire, comme processus permettant l’instauration du royaume de Dieu, le but ultime poursuivi dans la révélation que donne l’Apocalypse n’est pas le jugement, mais la rédemption, non la destruction du premier ciel et de la première terre contaminés par le péché, mais l’établissement final du tabernacle de Dieu au milieu de Son peuple : Apoc 21,1 à 4.

Deux lignes parallèles courent simultanément tout au long de la révélation jusqu’à leur séparation totale et définitive. La 1ère ligne fait état de la situation du monde, cette partie de l’humanité rebelle qui reste séparée de Dieu. On y voit la trace de plus en plus marquée de la révolte des hommes contre Dieu, révolte qui atteint son point d’orgue dans l’admiration de la bête par la terre entière et sa soumission à son autorité : Apoc 13,4. C’est une ligne marquée par le malheur et la manifestation de plus en plus sévère de la colère de Dieu. La seconde ligne, celle qui nous intéresse le plus, fait état de la situation du peuple de Dieu, plongé certes ici-bas dans la souffrance et la tribulation, mais consolé, restauré, guéri plus finalement glorifié dans la présence de Dieu, et avec Lui. L’alternance de visions à laquelle nous sommes exposés dans le livre poursuit donc un double objet : celui de nous rendre compte de ce que vivent simultanément perdus et élus dans ce temps où se produira pour chacun le grand dénouement

Après la vision des 6 premiers sceaux du jugement : Ch 6, et avant l’ouverture du 7ème : Ch 8, une pause est ordonnée par Dieu pour que, avant que les quatre vents de la destruction s’abattent sur la terre : cf Dan 7,2, une opération spirituelle de marquage et d’identification des élus parmi le peuple juif s’opère.

2. 1ère vision : les 144 000 juifs marqués du sceau de Dieu :

Après l’Eglise, les nations, les éléments cosmiques, c’est vers Israël que, dans la révélation qu’il a reçue, Jean nous amène à porter nos regards. Car Israël, malgré sa désobéissance à Dieu qui a atteint son point maximal dans le rejet du Christ, reste, à cause de l’appel dont il a été l’objet et la fidélité de Dieu, l’objet de Sa grâce et de Son élection. L’apôtre Paul, apôtre des païens, est totalement clair à ce sujet :

a. Il n’a jamais été dans la pensée de Dieu de rejeter de manière définitive Israël : Rom 11,1. Ceux qui, dans la chrétienté, ont pu croire qu’Israël était, depuis la mort de Christ, totalement évincé du plan de Dieu, ont tort (l’Eglise catholique et luthérienne, les témoins de Jéhovah, par exemple…)

b. La preuve en est que Paul, chrétien, est d’origine juive : Rom 11,1-2 et que, si l’Eglise englobe des croyants de toutes les nations, sa racine est juive : Rom 11,17-18

c. Israël se trouve pour l’heure dans une situation paradoxale : à cause de ses pères, il reste aimé de Dieu ; à cause de son rejet du Christ, il est son ennemi : Rom 11,28

d. Cette situation paradoxale, qui a fait les beaux jours de l’Eglise, est provisoire. Vient le temps où l’inimitié qui sépare Dieu d’Israël sera, après que le temps où la grâce de Dieu est offerte aux nations, levée : Rom 11,25 à 27

e. Objet de la bénédiction renouvelée de Dieu, Israël sera alors ce qu’elle aurait toujours dû être dès son origine : la source de bénédiction divine première du monde : Genèse 12,1 à 3 ; Rom 11,15

f. Tout cela ne sera dû qu’à une seule cause : les dons et le caractère irrévocable de la grâce de Dieu : Rom 11,29 à 32

Ce sont les prémices de ce mouvement de réintégration d’Israël comme acteur et porteur de la bénédiction de Dieu et du témoignage de Christ qui nous sont relatés ici. L’Eglise de Jésus-Christ n’étant plus de ce monde, le relais est passé à Israël pour que, au temps du jugement et de l’apostasie la plus totale, le témoignage de Dieu et de Jésus continue à se faire entendre au monde.

Qui sont les 144000 juifs marqués ici sur le front du sceau de Dieu ? Beaucoup d’encre ayant coulé pour essayer de décrypter leur identité, et savoir si, oui ou non, il fallait interpréter de manière littérale la vision de Jean, nous n’allons pas y ajouter, mais nous contenter de relever les détails donnés par l’apôtre à leur sujet :

a. ils sont les représentants à parts égales des douze tribus d’Israël : Apoc 7,5 à 8. Au vu du soin du détail que montre Jean dans l’énumération des tribus, il n’y a, à priori, aucune raison de penser qu’il ne faille pas prendre ici le nombre indiqué à la lettre. Il n’est pas dans l’habitude de la Parole de Dieu de citer des nombres pour indiquer des sommes de manière figurative : ex : Nomb 31,3-6 ; 1 Rois 19,18 ; Actes 2,41

Notons que, de la liste passée, deux noms de tribus ne sont pas mentionnées : Ephraïm, représentée par Joseph, et Dan. Certains commentateurs pensent que cette omission est en lien avec l’entrée de l’idolâtrie en Israël sous le règne de Jéroboam : 1 Rois 12,28 à 30. L’absence du nom des deux tribus fautives à l’époque signifierait que c’est à un nouvel Israël, purifié de toute idolâtrie, que nous aurions à faire dans ces derniers temps.

b. Ils sont marqués au front du sceau de Dieu, sans doute le sceau de l’Esprit : Ephés 1,13 ; 2 Cor 1,22, marque de propriété avant que ne vienne le moment où la bête impose la sienne sur le monde : Apoc 13,16-17, et preuve de leur appartenance à la famille de Dieu en tant que fils : Jean 6,27. Ils formeront sur terre la force humaine de résistance divine à la puissance de l’antichrist.

c. Ils sont l’élite spirituelle du Christ, des hommes habités par un esprit de pureté et de vérité irréprochable : Apoc 14,4, des disciples accomplis et parfaits.

Alors que, du temps de son incarnation, le Christ était accompagné de douze disciples faibles, pécheurs, sujets à l’erreur et à l’ignorance, pris parmi Son peuple, ils seront ici douze mille de chaque tribu, remplis de Son Esprit et de Sa force pour célébrer Ses louanges et annoncer Ses vertus : 1 Pierre 2,9 !

3. 2ème vision : la foule innombrable rassemblée devant le trône : v 9 à 17

Après la description de l’élite juive du Christ, la 2ème vision nous ramène au trône de Dieu devant lequel se trouve rassemblée une foule de rachetés issus de tous les peuples et toutes les nations du monde. Qui sont-ils ? Un des anciens qui posa la question à Jean fournira lui-même la réponse : ce sont, dit-il, tous les martyrs qui seront mis à mort au moment de la grande détresse (ou tribulation).

Les deux visions successives que reçut Jean ici sont complémentaires. Alors que l’Antichrist sévira, il arrivera que, sous l’impact du témoignage et de la prédication des 144 000, des millions de personnes dans le monde se convertiront. Certes, elles ne jouiront pas longtemps de la liberté de culte et de foi dont nous jouissons encore aujourd’hui dans certains pays du monde. Très vite, elles seront arrêtées, jugées et exécutées, quand elles ne tomberont pas sans jugement sous les coups de la police de l’antichrist.

Alors que nous avons tant de mal à gagner une seule âme à Christ parfois, l’impact de l’Evangile sera alors sans précédent. Il en sera de la puissance de la Parole de Dieu comme il en fut de Jonas, le prophète juif vu par le Christ comme un signe : Mat 12,39, en son temps. Tant que Jonas fut dans la désobéissance, le témoignage qu’il rendit à Dieu, contre son gré, ne porta que peu de fruits : quelques marins seulement furent convaincus et crurent : Jonas 1,16. Cette période de la vie du prophète correspond à l’état d’Israël aujourd’hui. Tout autre en sera-t-il au moment où le prophète, en réponse à l’appel de Dieu, se mettra à obéir : des milliers de Ninivites repentants échapperont alors au jugement imminent qui allait fondre sur eux : Jonas 3. C’est l’image de ce qui se produira au moment où l’élite d’Israël se mettra à appeler les hommes du monde entier à la repentance et à la foi en Christ avant le jour de la colère !

Ce temps sera alors le temps de la moisson de tout le peuple de Dieu, temps où la semence jetée en terre par l’Eglise et restée enfouie lèvera soudain au grand étonnement du monde, temps où l’arbre de Dieu, racine et branches, portera son fruit : cf Rom 11,15-16. Que cette vision prophétique certaine nous motive aujourd’hui, sans en voir encore les fruits, à aller de l’avant, fidèle à l’appel reçu de Dieu.

Plusieurs éléments, relevés par Jean, caractérisent l’état et l’activité des martyrs issus de la grande détresse :

a. Ils constituent une foule innombrable venue de tous les peuples et de toutes les nations. Enfin, après tous les efforts missionnaires, l’objectif fixé par le Christ aux disciples, avant Son départ, est atteint : Matthieu 28,19-20. Notons que si l’Eglise a reçu ce mandat du Christ, Israël, d’une certaine manière, l’a reçu le premier par Abraham : Genèse 12,1 à 3. Parce que tel est le cas, il est dans la logique de Dieu que ce soit aussi lui qui l’accomplisse en dernier.

b. Ils se tiennent immédiatement devant le trône et l’Agneau sans crainte et sans devoir passer par le jugement. Ils sont au bénéfice complet du salut apporté par Christ : Jean 5,24.

c. Ils sont revêtus de robes blanches, non en vertu de leur propre qualités, mais à cause de l’effet purificateur du sang de l’Agneau : v 14. Rappelons-nous que, bien que correspondant au prix le plus élevé de la fidélité, être un martyr du Christ ne confère aucune vertu salvatrice. Si les martyrs sont revêtus de robes blanches, cette pureté leur vient de Lui seul et de personne d’autre !

d. Ils ont des branches de palmiers à la main, symbole de victoire et de paix : Lévitique 23,40

e. Ils célèbrent Dieu et l’Agneau pour le salut dont ils ont été l’objet : v 10, et Lui rendent un culte continuel : v 15

f. Ils sont l’objet pour toujours de la protection, des soins et de la consolation que leur donne l’Agneau : v 16 et 17. Il n’est agréable pour personne de passer par le martyr, mais une meilleure résurrection en est l’issue : Hébreux 11,35.

Que notre louange se joigne à celle des anges, des anciens et tous les êtres vivants qui sont dans le ciel pour Dieu et pour l’Agneau !

Je viens bientôt !

vendredi 15 octobre 2010

Apocalypse 6 : ouverture des 6 premiers sceaux

1. Introduction :

Le trône de Dieu dressé pour le jugement, l’Agneau, à qui le Père a remis, à cause de Son humanité, le pouvoir de juger : Jean 5,27, prit le livre sur lequel était écrit des lamentations, des plaintes et des gémissements : Ezéchiel 2,9-10 pour en ouvrir les sceaux !

2. Le 1er sceau : le cheval blanc : v 1 et 2

A la question posée par Ses disciples sur les signes leur permettant de reconnaître le temps de Son avènement, la 1ère réponse que Jésus fera est : « Prenez garde que personne ne vous séduise ou ne vous égare : Mat 24,4 ; Luc 21,8. Ne s’arrêtant pas là, Jésus poursuit en décrivant en quoi résidera ce risque d’égarement et de séduction : Beaucoup se serviront de mon nom en disant : C’est moi qui suis le Christ ! : Mat 24,5 ; Luc 21,8.

La séduction spirituelle à grande échelle sera, de la part de l’Agneau, le premier moyen par lequel Il opérera le jugement du monde. Ce moyen de jugement est, selon les propos mêmes de Jésus, conforme à la justice : puisque le monde n’a pas voulu de Lui comme Messie, il se condamne à se laisser séduire par tout autre qui prétendra l’être : Jean 5,43. L’apôtre Paul le rappelle : l’égarement n’est pas le fait du hasard, mais la conséquence inévitable de l’absence dans le cœur de l’amour de la vérité : 2 Thes 2,9-10.

La séduction sera d’autant plus efficace que, en apparence, le cavalier monté sur le cheval blanc ressemblera trait pour trait à Christ lui-même : Apoc 19,11. Cela à tel point que certains commentateurs de l’Apocalypse ont pensé qu’il s’agit ici de Jésus lui-même. Nous croyons plutôt qu’après avoir été séduit et trompé par Sa caricature, c’est au vrai Christ que, à la fin de son histoire, le monde aura à faire. Cette ressemblance trompeuse ne doit pas nous étonner. Toute l’Ecriture est unanime ( et nous le verrons quand nous étudierons plus tard la personnalité de la bête) pour nous avertir du pouvoir d’imitation incroyable dont le diable peut faire preuve pour séduire les hommes : 2 Cor 11,13 à 15 ; Apoc 13,11.

Les intentions du cavalier montant le cheval blanc nous sont ici clairement révélées : c’est non en subordonné, ni en vue d’être l’un de ceux qui partagent le pouvoir avec d’autres qu’il s’élance, mais bel et bien pour conquérir toute la terre : ce que n’a jamais pu accomplir aucun homme avant lui. Le cavalier du cheval blanc va obtenir du diable ce qu’il a tenté d’offrir à Jésus au début de Son ministère : Luc 4,5-6.

Le fait que le cavalier jugé sur le cheval blanc précède les autres ne doit pas nous étonner. Toute conquête de grande envergure sur le monde repose d’abord sur la formulation d’une doctrine ou d’une idéologie. Chaque conquérant ou prétendant au pouvoir universel avait son livre qui était comme sa Bible, la parole qui devait être crue et suivie : Hitler – Mein Kampf ; Mao et son petit livre rouge ; Karl Marx et le Capital ; Mahomet et le Coran… La première réussite de ce cavalier sera de gagner le monde à une pensée à laquelle l’humanité adhérera de manière globale. Pas étonnant qu’il apparaisse aux yeux de tous comme le Messie.

L’instrument par lequel le cavalier chevauchant le cheval blanc opère est l’arc. Paul, déjà, avertit les chrétiens de se méfier des traits enflammés du Malin : Ephés 6,16. Arme des combattants, l’arc est souvent identifié comme celle qu’emploie les méchants, tapis dans l’ombre, pour faire chuter les justes ou les faibles : Psaume 37,14. Attention donc au slogans et aux paroles que nous entendons. L’utilisation du nom de Jésus et du mot évangile ne sont pas une garantie que l’Esprit de Dieu est là et que ceux qui se servent de ces mots sont de véritables disciples du Christ-Jésus : 2 Cor 11,3-4. En faux christ, le cavalier montant le cheval blanc sera peut-être, à l’instar de Satan lui-même, un expert dans la citation de versets bibliques : Luc 4,10-11.

3. Le 2ème sceau : le cheval roux (ou rouge) : v 3 et 4

Au jour de l’introduction de Son Fils dans le monde, Dieu tint, par l’intermédiaire des anges à délivrer un message de paix aux habitants de la terre : « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, et, sur la terre, paix parmi les humains en qui il prend plaisir : Luc 2,14. » Le cavalier à la monture blanche introduit dans l’histoire, c’est un cavalier faisant équipage avec un cheval roux qui, immédiatement, le suit, avec un but et une mission : ôter la paix de la terre et travailler à ce que les hommes s’entre-tuent (le roux symbolisant la couleur du sang).

Notons que l’ordre d’arrivée des cavaliers de l’apocalypse suit exactement la liste des signes données par Jésus : après la séduction, la guerre : Mat 24,7-8. Un lien de cause à effet évident lie l’irruption du cavalier au cheval blanc sur la scène de l’histoire avec, à sa suite, le cavalier au cheval roux.

Se présentant comme le Messie revenu, il n’est pas impossible que pour asseoir et imposer son autorité sur le monde, le cavalier au cheval blanc se lance, comme cela s’est déjà fait dans l’islam ou au temps des croisades, dans des guerres dites « justes ». Or, ce concept de guerre juste, d’autant plus si elle est entreprise au nom du Christ est totalement étranger et incompatible avec la pensée de Jésus et des Evangiles : Mat 26,51 à 54 ; Jean 19,36. La guerre juste présuppose, pour être justifiable, un axe du mal qui sépare d’une manière catégorique les bons des méchants (rhétorique employée par Georges Busch pour justifier sa guerre menée en Irak). Or, cette vision de l’humanité va à l’encontre de celle que nous présente la Bible comme étant la vision de Dieu : Rom 3,9 à 18.

Penseur protestant, c’est au Coran que Jacques Ellul fait remonter, dans son livre « la subversion du christianisme », la paternité de la notion de guerre sainte. « Jusqu’à l’arrivée de l’Islam, dit-il, la guerre est mal tolérée par les chrétiens. Elle reste, quoique menée par un empereur chrétien, douteuse et mal jugée. Mais la guerre est inhérente à l’Islam. Elle est inscrite dans sa doctrine, elle est tantôt un fait de civilisation, tantôt un fait religieux, mais ne peux pas en être séparée… Dans l’Islam, la guerre est toujours juste et constitue un devoir sacré. Elle est un devoir de tout musulman. Il faut que l’Islam devienne l’Universel. il faut étendre la vraie foi à tous les peuples en les contraignant par tous les moyens, et forcément la guerre. »

Nous ne pouvons pas dire avec certitude que le cavalier blanc sera musulman. Mais ce qui est sûr est qu’il saura trouver dans la doctrine qui lui servira de support, la justification théologique dont il a besoin pour, au nom de Dieu, utiliser la guerre pour imposer au monde entier son autorité et sa pensée.

4. Le 3ème sceau : le cheval noir : v 5 et 6

Comme l’histoire le montre toujours, la guerre ne vient jamais seul. Elle entraîne inévitablement dans son sillage la famine. Le cavalier au cheval noir tenant sa balance pour peser la minime quantité de céréales que l’ouvrier moyen pourra se procurer, symbolise la situation désespérée du monde après le passage des deux premiers cavaliers. Comme les autres, le cavalier au cheval noir se positionne exactement là où Jésus le situe dans l’ordre des signes précédant Son retour : Mat 24,7. Comme le rouge symbolise le sang, la couleur noire est, dans le langage biblique, celle qui caractérise la famine : Lam 4,8-9.

Au temps de l’apôtre Jean, le denier représentait le salaire d’une journée de travail et permettait l’achat de huit meures de farine ou de 24 mesures d’orge. Lorsqu’après la guerre, la famine universelle surviendra, le rationnement n’accordera à l’individu que le 8ème de la portion habituelle.

Si tous les peuples seront affectés par la famine, la mention de l’épargne de l’huile et du vin, produits de luxe, pourraient signifier que, comme c’est souvent le cas, ce seront les pays les plus pauvres qui seront les plus affectés par le fléau.

5. Le 4ème sceau : le cheval verdâtre : v 7 et 8

En queue d’équipage des trois premiers cavaliers, Jean voit surgir un dernier cheval de couleur verdâtre (grec : chloros), monté par le seul cavalier dont le nom nous soit donné : la Mort.

La mort, dit l’apôtre Paul, est toujours le salaire du péché : Rom 6,23. Suite à la libération des trois premiers cavaliers introduisant, en guise de jugement, le mensonge, la guerre et la famine, le résultat ne peut être pour le monde qu’une mortalité à grande échelle. Il n’est donc pas étonnant de voir le 4ème cavalier équipé des pouvoirs de ceux qui l’ont précédé : épée et famine. Le 4ème cavalier est en quelque sorte le Moissonneur, celui qui, monté sur son cheval, ramasse les âmes et les corps de tous ceux que les précédents cavaliers ont tué pour remplir le séjour des morts : Esaïe 5,14-15.

A l’épée et la famine, Jean ajoute à la Mort le pouvoir de la peste et des bêtes sauvages de la terre. Outre la mortalité directe occasionnée par l’épée et la famine, chaque guerre apporte son lot inévitable de maladies et d’épidémies. Pour mémoire, souvenons-nous que la grippe espagnole, il y a un siècle, a fait plus de victimes que la guerre elle-même : 1 milliard de personnes malades et 50 à 100 millions de morts. L’épée, la famine, la peste et les bêtes féroces de la terre sont, selon Ezéchiel, les 4 châtiments terribles de la colère de Dieu par lesquels Il exerce Sa vengeance contre les hommes rebelles : Ezéchiel 14,21, des châtiments qui, dans la loi déjà, sont l’expression de Sa malédiction : Deut 32,23-25 ; Lév 26,14 à 26. S’ils s’appliquaient aujourd’hui, ils rayeraient, selon la prophétie de Jean, environ 1,7 milliard d’habitants de la carte du monde.

6. Le 5ème sceau : les martyrs de la foi : v 9 à 11

En accord avec les signes donné par Jésus : Mat 24,9.10.13, le 5ème sceau nous projette, non plus dans l’arène du monde, mais dans ce que vivent les témoins du Christ en cette période troublée de l’histoire. S’il y eut de tout temps des persécutions contre les disciples du Christ, la période finale de l’histoire verra, sous l’impulsion de l’Antichrist, une augmentation incroyable du nombre de martyrs de la foi. L’époque des jugements qui s’abattront sur le monde sera, pour les croyants présents, celle de la grande tribulation pendant laquelle beaucoup verseront leur sang par fidélité déclarée à Christ : Apoc 7,14 ; 12,7 18,24.

Si elle est incluse dans les sceaux du jugement, la persécution des croyants n’en est pas un pour eux, mais pour le monde. Car elle ne fait, comme le mal que l’on fait à son enfant pour un père, qu’attiser la colère ardente de Dieu sur les rebelles : Rom 12,19 à 21 ; 2,5, le sang des martyrs réclamant vengeance. Pour exemple, le massacre de la Saint-Barthélemy en France, s’il a été un malheur pour la Réforme, a été une catastrophe pour le pays, s’enfonçant depuis dans un cycle de guerres sans f in.

Dieu, par la capacité qu’Il a de rester maître de Lui, n’abrégera pas pour autant ce temps difficile pour Ses enfants. La persécution menée par l’Antichrist sera le moyen que Dieu utilisera pour sortir les Siens du monde qui sera alors mûr pour Son jugement final. « Dieu ne fait rien de pire à Ses enfants que de les faire entrer au ciel à coups de fouets : Thomas Watson. »

7. Le 6ème sceau : un terrible tremblement de terre : v 12 à 17

Si les cinq premiers sceaux ouverts nous placent face à des phénomènes déjà connus, l’ouverture du 6ème sceau nous projette dans un bouleversement terrestre et cosmique d’une ampleur inégale. A maintes reprises, Jésus, parlant des derniers temps, a fait mention de signes dans le ciel et sur la terre provoquant la terreur des hommes : Luc 21,11.25-26. Les phénomènes présentés ici ne sont pas nouveaux dans la prophétie : ils font écho à de multiples annonces faites par les prophètes de l’Ancienne comme de la Nouvelle Alliance :

- un ébranlement de toute la terre : Esaë 13,13 ; Joël 2,10 ; Nahum 1,5 ; Aggée 2,6-7 ; Hébr 12,26 à 29

- le soleil obscurci : Exode 10,22 ; Esaïe 13,10 ; 34,9-10 ; Joël 3,14-15 : Mat 24,29-30

- la lune changée en sang : Ezéchiel 32,7 ; Joël 2,30 ; Mat 24,29

- les étoiles tombant du ciel comme des figues vertes : Nahum 3,12 ; Apoc 8,12

- Le ciel roulé comme un livre : Esaïe 34,4 ; 2 Pier 3,10-12

- Les montagnes et les îles remuées : Psaume 97,5 ; Esaïe 54,10

Par l’effet qu’ils produisent sur tous les hommes, des plus grands aux plus petits, le but du message du 6ème sceau est clair. Il démontre de manière indiscutable que le Dieu véritable n’est pas celui qui, sur terre, se désigne comme tel, mais Celui qui vit et règne dans les cieux. Les habitants de la terre qui, à l’instar des magiciens du Pharaon reconnaissant le doigt de Dieu devant les miracles que produit Moïse : Exode 8,15, ne s’y trompent pas : ils identifient avec une parfaite exactitude ceux qui sont la cause de cette plaie terrible qui les atteint : Dieu et l’Agneau : v 16.

Vont-ils prendre toute la mesure de l’avertissement qui leur est adressé ? La suite montre que, malheureusement, au lieu de se repentir, le monde, dans sa majorité, va rester sourd aux appels de Dieu à la repentance !

Je viens bientôt !

vendredi 17 septembre 2010

Apocalypse 5

A. Un trône dressé pour le jugement :

De la terre où il se trouvait, le chapitre 4 de l’apocalypse transporta l’apôtre Jean vers le ciel où la 1ère vision qui s’imposa à lui fut celle du trône de Dieu. Le trône établi, l’objectif défini de la vision donnée à Jean est clairement formulé : « Monte ici, dit la voix qui s’adresse à Jean, et je te ferai voir ce qui doit arriver après : 4,1. » C’est la mise en oeuvre de cet après qui nous est présenté ici au chapitre 5.

Mise à part l’insertion en Hébreux 4,16 de la grâce comme attribut attaché au trône, toutes les autres mentions bibliques du trône vont dans le même sens. Le trône de Dieu est le lieu à partir duquel Il rend la justice et exerce Son jugement : Ps 9,4.7 ; 11,4 ; 29,10 ; 45,6 ; 89,14 ; 97,2. Le trône de Dieu dressé, l’heure est venue, après la période de l’Eglise, de passer à celle du jugement du monde. Or, qu’est ce que le jugement, sinon le rétablissement de toutes choses dans le bon ordre, l’ordre voulu par Dieu dès l’origine : Actes 3,21 ? Qu’est ce que le jugement, sinon la fin du désordre introduit par la rébellion initiée au début par le Malin ? Il faut, dit Paul, après que le Christ ait soumis toutes choses à Ses pieds que le Fils Lui-même soumette à nouveau toutes choses à Son Père, pour que, comme cela aurait toujours dû être, le règne parfait de Dieu soit de nouveau établi et qu’Il soit tout en tous : 1 Cor 15,24 à 25.

Le trône dressé pour le jugement, Jean voit celui qui y siège tenir dans sa main droite un livre cacheté de 7 sceaux et portant toutes sortes de mentions tant au-dehors qu’au dedans (au recto et au verso) : v 1. Le prophète Ezéchiel, qui a aussi reçu de Dieu en son temps la vision de ce livre, nous en dit un peu plus sur sa teneur : Ezéchiel 2,9-10. Le livre que Dieu tient à sa main n’est pas annonciateur de joie, mais de grandes tristesses, douleurs et lamentations pour l’humanité. C’est l’heure où le monde doit rendre compte à Dieu et payer pour les crimes commis, l’heure où les peuples vont trembler : Ps 99,1, l’heure où les dirigeants de ce monde, impuissants face à Sa colère, prieront les montagnes de les cacher : Apoc 6,15-17, l’heure où le sang innocent versé, qui crie vengeance depuis Abel : Genèse 4,10, ne sera plus caché : Esaïe 26,21. Après la longue année de la patience et de la grâce de Dieu, sonne l’heure du jour de Sa colère : Esaïe 61,1-2.

B. Les disqualifiés :

Le trône dressé et prêt pour le jugement, une seule question se pose : qui, dans l’univers, parmi tous les êtres qui existent, est digne d’exécuter le jugement de Dieu sur le monde ? L’appel à la dignité, comme qualification et compétence pour exercer de la part de Dieu le jugement sur tous les êtres, présuppose la réunion de plusieurs facteurs non disqualifiants. Adressée à toute la création et tous les êtres, chacun est appelé à s’examiner pour voir s’il possède les attributs qui conviennent. Le constat est à la fois terrible et consternant :

1. le Père : bien qu’ayant la légitimité de le faire, il Lui manque, pourrait-on dire, une qualification qui, même si le reproche n’est pas justifié, pourrait la Lui être adressée : l’expérience de la vie sous forme humaine. Volontairement, à cause de cette lacune à Son expérience, le Père fait le choix de renoncer au jugement des hommes : cf Jean 5,26-27 ; Actes 17,30-31.

2. Les créatures qui sont dans le ciel : elles aussi pour la même raison, et peut-être même pour d’autres : Job 4,18-19, ne sont pas compétentes pour juger l’ensemble de la création.

3. Les créatures qui sont sur la terre. Ils sont nombreux les pouvoirs ou les régimes qui voudraient se placer, au nom de Dieu, en justiciers du monde : l’Islam, l’Amérique et son axe du mal… Tous, aux regards de Dieu et de Sa loi, sont enfermés dans le même culpabilité : Rom 3,9.19. Jamais, nulle part, la colère de l’homme n’est le moyen par lequel s’accomplit la justice de Dieu : Jac 1,20

Soulignons que si les pouvoirs politiques ne peuvent être les instruments de la justice absolue de Dieu, l’Eglise, malgré le fait qu’elle est l’Epouse royale du Christ, ne peut l’être davantage. Certes, Celui-ci l’associera à ce privilège à un moment ou un autre : Mat 19,28 ; 1 Cor 6,2-3, mais ce n’est pas en vertu de sa qualité propre qu’elle le fera, mais à cause de la grâce dont elle-même aura été l’objet : Jean 5,24 ; Rom 8,1.

4. les créatures qui sont sous la terre : l’expression peut signifier tous ceux qui, déjà, sont passés par la mort. Même si, parmi les hommes du passé, certains furent remarquables et exceptionnels dans leur marche avec Dieu : cf Ezéchiel 14,14.20, la justice qui leur aura servi à se sauver eux-mêmes ne leur permet pas pour autant d’être qualifiés pour être les juges des autres ! Il y a et aura toujours, même dans l’homme le meilleur, suffisamment de traces d’impiété et de corruption pour, hormis la grâce de Dieu, suffire à le condamner.

Face au constat désolant de la disqualification de tous les êtres à rendre la justice de Dieu, Jean est atterré. La question se pose pour lui : n’y a-t-il donc personne dans l’univers qui puisse alors mettre un terme définitif au mal ? Le sort des justes est-il donc de se résigner à souffrir sans jamais que réparation ne puisse avoir lieu : cf Apoc 6,10-11 ? Si tel est le cas, alors la réaction de Jean n’est pas trop excessive : seul le désespoir reste !

Heureusement pour lui, Jean ne va pas rester indéfiniment dans son affliction. L’un des anciens vient pour le consoler. Si ! Il existe un être, une Personne qui, dans l’univers, a les qualifications requises pour exercer au nom de Dieu la justice et le jugement de l’humanité !

C. L’unique qualifié : l’Agneau immolé

Cet être qualifié, l’ancien le désigne de deux manières :

- Il est, dit-il en premier, le lion de la tribu de Juda : dès la genèse, par la bouche de Jacob, c’est à Juda qu’est donnée la promesse que ce serait parmi ses descendants que viendrait Celui à qui reviendrait le bâton de commandement : Gen 41,10. Plus tard, Michée confirmera la prophétie en précisant que c’est de Bethléem, petite entre toutes les villes de Juda, que sortirait Celui dont l’origine remonte aux temps anciens : Michée 5,1, ce que tout scribe qui lisait l’Ecriture savait : Mat 2,4 à 6. Jésus, notre Seigneur est bien originaire de Juda : Héb 7,14. Paru comme un agneau, il est, à cause du caractère que revêtiront ici Ses actes appelé le lion : Ps 7,2 ; Prov 19,12 ; 30,30 ; Esaïe 31,4.

- Il est présenté ensuite comme le rejeton de David. Si la tribu de Juda situe le cadre précis de l’origine du Messie, la famille de David, parmi la tribu de Juda, est désignée comme celle de laquelle Il proviendra sur le plan humain : Esaïe 11,1 à 5. La prophétie s’accomplira aussi bien par Marie que Joseph, parents adoptifs de Jésus, issus tous deux à la fois de Juda et de David : Matthieu 1,2 à 16 ; Luc 3,23 à 34.

Désigné par ce qui le rattache à l’humanité, l’Etre qu’il découvre comme étant le seul qualifié pour exercer, à partir du trône, le jugement de Dieu, ne lui apparaît pas comme tel. Cet être se présente à lui comme un agneau à l’apparence singulière :

- Un agneau debout, qui semblait immolé : Il est l’Agneau de Dieu, offert en sacrifice à Golgotha pour les péchés du monde : Jean 1,29 ; Esaïe 53,7. L’immolation de l’Agneau pour les péchés de l’humanité est, plus que tout, la raison majeure qui le qualifie pour être Celui qui, à la fin des temps, est digne de la juger : 1 Pierre 1,18 à 20

- Cet agneau, symbole de docilité et de douceur, est ici équipé de 7 cornes, symbole de force dans sa plénitude : ex : Deut 33,17, et pourvu de sept yeux, symbole de la connaissance des choses dans tous leurs aspects : cf Hébr 4,13.

Le seul Etre digne, qualifié pour exercer le jugement de Dieu sur l’humanité rebelle à Dieu possède donc les caractéristiques suivantes :

- avant d’être Juge, Il donna sa vie pour être Sauveur. Sa première intention en venant vers nous n’était pas de nous juger, mais de nous sauver : Jean 3,17. C’est d’abord parce qu’Il a été l’expression extrême de l’amour de Dieu pour nous que le Fils est qualifié pour nous juger : Jean 3,16 ; Rom 5,8

- Il est celui qui a reçu tout pouvoir. Alors qu’Il s’apprêtait à entrer à Jérusalem, Jésus pressenti que les disciples nourrissaient une fausse attente en ce qui concerne ce qui allait arriver. A l’aide d’une parabole, Il leur fit comprendre que l’heure n’était pas venue pour Lui de régner, mais de mourir : Luc 18,31 à 34, puis de partir pour recevoir l’investiture royale, avant de revenir : Luc 19,11 à 13.15. En effet, bien qu’ayant acquis par Sa mort la libération de l’humanité de la domination du malin, la procédure divine exige que ce ne soit pas de Lui-même qu’Il exerce la royauté, mais par un acte significatif de la volonté du Père. C’est pourquoi, après Sa mort, Dieu ressuscitera le Fils et L’élèvera dans les cieux pour Le faire asseoir à Sa droite jusqu’à ce que tous Ses ennemis soient devenus Son marchepied : Actes 2,32 à 36. Dieu seul pouvait faire Christ et Seigneur l’homme Jésus qui fut crucifié.

- Il est enfin Celui qui a tout connaissance, connaissance non seulement des actes accomplis par chacun, mais des pensées et des intentions qui étaient à l’origine de ces actes : Rom 2,16 ; Hébr 4,12 ; 1 Cor 4,5.

Notons pour finir que si le jugement est nécessaire pour abroger le mal et détruire définitivement sa puissance, il l’est aussi pour donner aux rachetés d’entrer en possession de leur héritage : Apoc 5,10. Si Jésus ne juge pas les rebelles, la situation, telle que nous la connaissons aujourd’hui, perdurera sans fin. La question se pose : à quoi servirait alors notre salut, s’il reste pour toujours inachevé ? Seul l’achèvement du salut, qui ne peut se faire que par la condamnation irrémédiable des adeptes de la rébellion, peut permettre aux saints d’entrer dans la jouissance des biens qui leur sont préparés. D’où la nécessité à double titre, l’un négatif mais l’autre positif, de l’exercice du jugement de Dieu sur le monde !

D. L’adoration rendue à l’Agneau :

Seul être qualifié à exercer le jugement de Dieu, l’Agneau reçoit de la part de toutes les créatures réunies devant le trône la même adoration qui fut rendue au Père : v 11 à 14. Il n’y a et n’aura jamais entre le Père et le Fils une seule ombre de rivalité ou de concurrence en ce qui concerne la gloire dont ils sont l’objet. Le Père et le Fils, bien qu’ayant des rôles différents, ne sont et n’ont toujours été qu’un en toutes choses : Jean 10,30. Jamais dans le ciel, il n’y a risque qu’un jour le Fils détrône le Père ou que le Père jalouse la gloire rendue par les créatures au Fils.

Ensemble dans la prise de décision de l’engagement que nécessitait notre salut : Héb 10,5 à 7, ils L’ont été aussi dans sa réalisation : Actes 20,28, et le seront dans son plein accomplissement ! Que louanges, gloire et honneur leur soient rendus à tout jamais !

Je viens bientôt !

vendredi 11 juin 2010

Chapitre 4 : vision du trône de Dieu


1. Introduction : l’enlèvement et le passage par la porte ouverte

Alors que Jean se trouvait à Patmos, c’est Jésus Lui-même qui, lors de Sa révélation à Son disciple bien-aimé, lui indiqua l’ordre chronologique dans lequel allaient lui être données les visions dont il serait l’objet : Ecris donc, lui avait ordonné le Seigneur ce que tu as vu, ce qui est et ce qui va arriver après : Apoc 1,19.

Avec le chapitre 4, commence, après ce que Jean a vu (le Seigneur Jésus glorifié), ce qui est (les sept églises d’Asie), le temps qui concerne ce qui vient après : 4,1. Si pour ce qui est, le temps de l’Eglise, les vérités que le Seigneur voulait lui révéler n’exigeaient pas que Jean quitte la terre, il en sera tout autre pour celles qui concernent le temps qui vient après. La réflexion que Jésus a faite à Nicodéme dans les Evangiles s’applique ici à Jean : si, déjà, il nous est difficile de croire et de comprendre les réalités spirituelles qui touchent à la terre, comment Jean pourrait-il saisir celles qui touchent au ciel ? Pour cela, précise Jésus, il faudrait soit monter au ciel, soit que le ciel descende jusqu’à nous : Jean 3,12-13 ; Rom 10,6-7. Alors que Jésus est descendu du ciel pour nous expliquer les réalités qui touchent à notre salut, Il fera monter Jean pour nous révéler celles qui touchent au jugement !

Si Jésus précise l’ordre chronologique dans lequel se déroulera la révélation, il faut noter que cet ordre n’est pas nouveau, mais qu’on le retrouve suivi dans bon nombre d’endroits dans le déroulement de la révélation. Il y a toujours dans l’histoire un maintenant (ce qui est), où la porte du ciel est ouverte, et un après, où la porte se ferme et où commence le jugement de Dieu sur le monde rebelle. Cette chronologie est visible :

- au temps de Noé, où la grâce est offerte jusqu’au moment où la porte de l’arche se referma : Genèse 7,6 à 16

- au temps de Loth que les anges pressèrent de sortir de la porte de la ville : Gen 19,1.15 à 17.

- Au temps de Moïse, le sang versé sur les linteaux de la porte garantissait pour ceux qu’elle abritait, le salut et la sécurité : Exode 12,21 à 23

- Au temps de l’Eglise au cours duquel l’invitation d’entrer par la porte dans la bergerie du bon berger qu’est Jésus est adressée à tout homme : Jean 10,7 à 9.

Cette invitation, comme nous l’avons vu dans la lettre adressée à l’église de Laodicée, durera jusqu’à la fin du temps de l’Eglise. Jésus se tient à la porte du cœur de chacun prêt à y entrer : Apoc 3,20. Quiconque Lui ouvre pourra un jour avec Jean, monter avec lui au ciel et passer par la porte ouverte qui y mène. Pour les autres, vient le temps où, le peuple de Dieu mis à l’abri, la porte se fermera et le temps des jugements commencera : Esaïe 26,20-21.

2. La vision de Jean : le trône de Dieu, le Père

C’est par la dernière promesse faite au vainqueur du temps de l’Eglise, promesse de le faire asseoir avec Christ sur Son trône comme Lui s’est assis, en tant que vainqueur, sur le trône avec Son Père, que s’ouvre le temps nouveau décrit ici dans la Révélation : Apoc 3,21. Cette façon de relier les différentes parties de la Révélation par des éléments charnières, façon que l’on retrouve dans tout le livre, témoigne de l’unité qui existe en elle et du fait qu’il n’y a ni coupure ni discontinuité dans le temps et les œuvres de Dieu. Toutes les choses, d’une manière logique, cohérente, suivie, s’enchaînent les unes aux autres en vue d’un seul but : l’accomplissement final du dessein éternel de Dieu d’habiter avec les hommes : cf Apoc 21,1 à 3.

Monté, enlevé au ciel, la vision immédiate qui s’imposa à Jean fut celle du trône de Dieu. Le trône de Dieu dans le ciel est, pour nous enfants de Dieu, la réalité qui est la cause la plus certaine de la garantie de la victoire de notre foi : 1 Jean 5,4-5. Bien des despotes assis sur des trônes tyrannisent aujourd’hui le monde et les croyants : Marc 10,42. Mais ce qui donne aux croyants de tous les temps la force de résister et de tenir ferme dans la foi, c’est qu’il y a un Dieu au ciel qui a un trône : Dan 3,16 à 18 ; 4,31 à 32 ; 5,22 à 28.

La vision du trône de Dieu par Jean à cette étape de la révélation n’est pas due au hasard. La référence au trône de Dieu est quasiment toujours liée dans l’Ecriture au temps du jugement : Psaume 9,5.8 ; 11,4 ; 29,10 ;45,4 à 7 ; 47,9 ; 89,14 ; 99,1. Avec la vision du trône commence donc l’ère du jugement, c’est-à-dire, l’heure où, après avoir patienté envers les peuples et les nations rebelles, Dieu entre dans Son règne : Ps 110,1 ; Apoc 11,15 à 19.

Plus que le trône lui-même, c’est la Personne qui y siégeait et les êtres qui L’entouraient qui impressionnèrent Jean. Tous, à leur manière et dans la façon avec laquelle ils sont décrits, témoignent du temps nouveau qui s’ouvre ici.

1. Celui qui est assis sur le trône : Dieu le Père, honoré par les créatures comme le Créateur, l’Auteur de tout ce qui est : v 11.

Son apparence. Il avait l’aspect d’une pierre de jaspe. La caractéristique du jaspe est la transparence totale : Apoc 21,11.18. Le jaspe témoigne de la totale pureté et de la totale sainteté qui habitent en Dieu. Dieu, avait dit Jean, est lumière et il n’y a point en Lui de ténèbres : 1 Jean 1,5. L’éclat de la sainteté de Dieu est telle que ni Esaïe, ni les créatures célestes qui entourent le trône de Dieu ne purent la supporter : Esaïe 6,1 à 3. Rien, a dit Jésus, ne peut rester caché, secret ou obscur dans la présence de Dieu : Luc 8,17 ; 12,2. Tout est à découvert et à nu devant Celui à qui nous aurons à rendre compte : Hébr 4,13. Le jaspe qui caractérise Dieu caractérise aussi toute la muraille de la ville dans laquelle nous habiterons avec Lui ainsi que son premier fondement : Apoc 21,18-19.

Il avait aussi l’aspect de la sardoine. Comme nous l’avons vu dans l’étude de la 5ème lettre aux églises, c’est de la ville de Sardes, où elle se trouvait en quantité, que la pierre appelée sardoine tire son nom. Alors que la jaspe était transparente comme le cristal, la sardoine se caractérise par le rouge ardent, la couleur de la justice et du jugement. La sardoine mêlée à la jaspe nous rappelle que, avec la sainteté, ce sont la justice et le droit qui sont à la base de Son trône : Psaume 89,14 ; 97,2. Dressé et établi pour le jugement, le trône de Dieu et l’aspect de Celui qui y siège témoignent que le jugement de Dieu est l’heure où chacun reçoit quelque part le salaire, jusqu’ici impayé de ses œuvres : Apoc 16,4 à 6.

Notons encore que la sardoine et le jaspe, qui caractérisent la nature de Dieu le Père assis sur le trône étaient les deux pierres situées au début et à la fin de la série des 12 joyaux enchâssées sur le pectoral du sacrificateur : Exode 28,17 à 20.28 à 30, le pectoral du jugement

2. L’entourage du trône

a. l’arc-en-ciel

Si celui qui est assis sur le trône incarne la sainteté et la justice absolue, le trône tout entier apparaît dans la vision de Jean entouré d’un arc-en-ciel émeraude. La présence de l’arc-en-ciel, symbole de la grâce de Dieu pour l’humanité entière : Genèse 9,12 à 17, environnant le trône du Juge rappelle le fait que jusqu’à ce que la justice soit entièrement passée sur le monde, la grâce et le pardon de Dieu restent offerts par Dieu à l’humanité : Apoc 14,6-7.

b. les 24 autres trônes

Autour du trône de Dieu se trouvaient 24 autres trônes sur lesquels siégeaient 24 anciens assis, revêtus de vêtements blancs et ceints d’une couronne d’or : v 4. Alors que l’heure du jugement approche sur le monde, Dieu a tenu à y associer dans son exécution tous les fils d’Abraham avec qui Il a fait alliance : les fils de Jacob, représentant les douze tribus d’Israël et les 12 apôtres : Mat 8,11. La vision de Jean est l’accomplissement de la promesse faite par Jésus aux Siens : Mat 19,28. Selon Paul, les saints ne jugeront pas seulement le monde avec Christ, mais même les anges : 1 Cor 6,2-3. Si le jugement est le moment où le monde rebelle doit rendre compte à Dieu de ces crimes, Dieu considère qu’il est juste d’y associer tous ceux et celles qui, parmi le peuple juif et dans l’Eglise ont été victimes de sa méchanceté : Apoc 6,10-11. L’expérience le prouve : la condamnation d’un criminel est un facteur reconnu comme décisif dans le processus de guérison de ses victimes. L’association des saints de Dieu dans le jugement rendu au monde sera l’un des éléments qui contribuera à la guérison totale de leur âme dans le royaume de Dieu : cf Apoc 22,2

c. : éclairs, voix et tonnerre :

Du trône lui-même, précise Jean sortaient éclairs, voix et tonnerres : v 5. Alors que, dans l’ère actuelle, s’offre à qui veux l’approche d’un trône de grâce : Hébr 4,16, les éclairs, les voix et les tonnerres témoignent de ce qui, à cette heure, remplit Celui qui y siège. L’heure est venue ou le monde devra faire face à Dieu tel qu’Il est, tel que Moïse l’a connu lorsqu’il reçut de Sa main les tables de la loi : Exode 19,16. La vision était alors si effrayante que le peuple entier, se tenant pourtant à bonne distance, supplia Moïse de servir d’intermédiaire entre Dieu et Lui, la peur que lui inspirait le simple fait d’entendre Sa voix le terrorisant : Exode 20,19 ; Héb 12,18 à 21. C’est au Dieu de la loi, de la perfection que le monde devra maintenant répondre de ses crimes.

d. les sept lampes :

Devant le trône brûlent sept lampes qui sont, dit Jean, les sept esprits de Dieu ou l’Esprit de Dieu dans Sa plénitude : v 5. La présence éclairante de l’Esprit de Dieu au jour du jugement témoigne du fait que tous les jugements qui vont être rendus le seront en tout connaissance de cause. Car, dit Paul, l’Esprit de Dieu est à même de tout sonder, y compris les choses les plus profondes qui se trouvent en Dieu Lui-même : 1 Cor 2,10. Toute la lumière sera faite ici sur les œuvres, les pensées et les motivations de chacun, sans que personne d’une manière ou d’une autre ne puisse réfuter en quoi que ce soit les reproches ou les accusations portés contre lui. Chacun sera alors connu, non tel qu’il pense être ou tel que les autres pensent qu’il est, mais tel que Dieu le connaît : 1 Cor 13,9. Heureux celui qui, en ce jour, aura accepté la lumière que l’Esprit de Dieu a porté sur sa vie et aura été purifié de ses nombreux péchés par le sang de Christ : 1 Jean 1,6 à 9.

e. la mer de verre

Devant le trône se trouve encore comme une mer de verre, semblable à du cristal : v 6. La vision rapportée ici rappelle celle vécue au temps de Moïse par les 70 anciens du peuple d’Israël : Exode 24,10-11. Elle nous raporte le fait que, malgré qu’elle soit confrontée à l’éclat étincelant de la beauté et de la gloire de Dieu, l’élite d’Israël n’a pas péri. Elle a vu Dieu, et elle a même mangé et bu en sa présence. La mer de cristal sur laquelle se tiennent les représentants du peuple de Dieu dans son entier témoigne du privilège incroyable duquel jouiront tous les grâciés. Devenu l’élite de l’humanité, ils se tiendront sans crainte dans sa présence jouissant d’une liberté inconcevable si l’on songe à la perfection de la Personne devant laquelle ils se tiennent.

f. les 4 êtres vivants :

Un dernier élément, difficile à imaginer pour nous, termine la description de la vision du trône transmise par Jean : la vision de 4 êtres vivants, tous différents d’aspect, mais ayant comme point commun des facultés visuelles hors normes : v 6 à 8. La vision de Jean reprend point par point celle donnée des siècles auparavant à Ezéchiel au moment où il reçut sa vocation de prophète : Ezéc 1,10. Au jour du jugement, Dieu trouve bon ici de rassembler tout Son peuple, celui qui est issu de la terre, comme celui qui est dans le ciel. C’est pour cette union-là que, ultimément, le Christ, dira Paul, est mort sur la croix : Ephés 1,9-10. Pour certains commentateurs, les 4 êtres vivants sont les représentants de toute la création de Dieu. Le lion représenterait la force brutale de la nature, le veau, la force domestiquée, l’homme, la force intelligente et l’aigle, la force couronnée. Si cette interprétation est juste, elle s’accorde avec l’activité principale que les 4 êtres pratiquent : rendre gloire à Celui qui, disent-elles, les a créés, c’est-à-dire de qui elles tirent leur force !

3. Le culte rendu à Dieu, le Père : v 8 à 11

De manière frappante, il apparaît que, dans le ciel, une chose absorbe la vision et la contemplation des êtres : la grandeur, la beauté, la gloire de la Personne de Dieu. « Pendant que sur la terre, on dit « Il n’y a pas de Dieu », au ciel on ne voit que Lui ! », dit un commentateur.

Deux aspects du culte et de l’adoration rendus à Dieu le Père ressortent des paroles exprimées par les êtres vivants comme les anciens :

1er aspect : ce que Dieu est : deux caractères de Sa Personnes sont ici célébrés : Sa sainteté absolue (d’où la triple mention : Esaïe 6,3) et Son intemporalité : Il était, Il est et Il vient. Le Dieu Saint est le maître du temps et de l’histoire. c’est Lui qui l’a commencé, Il est aussi Celui qui la conclura !

2ème aspect : Il est digne… En exprimant le désir que ce qui revient à Dieu Lui soit rendu, les anciens, qui ont vu et connu à quel point le nom de Dieu a été bafoué ici-bas, expriment le désir que cet état de choses cesse. Oui ! il est l’heure que la volonté de Dieu, contrariée, refusée, contestée soit faite sur la terre comme au ciel : Mat 6,10. Il est temps que l’honneur de Dieu, Sa gloire, Ses droits soient enfin rétablis ! Car c’est de Lui que tout vient et c’est aussi par Lui que tout subsiste. Que notre prière se joigne aujourd’hui aux leurs !


Je viens bientôt !

samedi 29 mai 2010

Chapitre 3, versets 14 à 22

1. Introduction :

Avec l’Eglise qui se trouve à Laodicée, nous clôturons le tour d’horizon que fait le Seigneur des sept églises d’Asie, tour d’horizon qui, nous l’avons vu, est à la fois une vue générale du développement de l’Eglise dans l’histoire depuis sa naissance, mais aussi un inventaire de tous les maux dont l’Eglise, localement ou dans son ensemble, peut être affligée.

Dans l’inventaire que dresse le Seigneur, nous voulons nous rappeler que les maux qui se suivent ne se ressemblent pas. Si certains maux ont leur source à l’extérieur de l’église (la persécution) la plupart d’entre eux proviennent, tel celui qui frappe ici Laodicée, de l’intérieur : perte du premier amour (Ephèse), fausse doctrine (Pergame), faux prophète (Thyatire), mort spirituelle (Sardes). C’est davantage par ce qui se passe à l’intérieur de l’Eglise que vient pour elle le danger que par ce qui provient de l’extérieur.

L’avertissement de Paul aux anciens d’Ephèse lors de ses adieux va dans le même sens : « Je sais bien, moi, qu’après mon départ s’introduiront parmi vous des loups féroces qui n’épargneront pas le troupeau, et que d’entre vous-mêmes se lèveront des hommes qui diront des choses perverses pour entraîner les disciples à leur suite : Actes 20,29-30. »

Une autre constatation, qui s’applique aussi à Laodicée, que nous avons pu faire au cours de cette étude est que, pratiquement toujours, les maux qui frappent les Eglises dont il est question sont en lien avec l’environnement (les villes) dans lesquelles elles se situent. C’est un constat qui est vrai non seulement ici mais, parfois, pour les églises auxquelles Paul écrit dans le Nouveau Testament : l’exemple de Corinthe.

L’application directe que l’on peut tirer de ce constat qui ressort dans l’étude des lettres adressées par le Seigneur aux églises de l’Apocalypse est que, sans que nous nous en rendions compte, nous sommes beaucoup plus perméables et influencés que nous ne le pensons par l’environnement moral, culturel ou idéologique dans lequel nous baignons.

Exemple : pour un chrétien issu d’une culture fortement religieuse, le fait d’aller au culte ne se posera même pas. De même qu’il allait à la mosquée le vendredi, le chrétien d’origine musulmane rejoindra naturellement son assemblée le dimanche. Pour nous français, héritiers de la laïcité et de la libre pensée, qui a fait de nous une nation surtout marquée par l’individualisme, cette obligation ne nous paraîtra pas aussi contraignante. On peut certes aller au culte, c’est bien ! Mais on peut aussi s’en passer de temps en temps : on n’en tombera pas malade ! Les considérations personnelles comptent autant, si ce n’est plus, que celles qui sont communautaires. Ces différences ne procèdent pas seulement de l’opinion ou de la conscience de chacun. En grande partie, elles reflètent les principes de la culture dans laquelle nous avons grandi.

Le même parallèle peut être fait quant au style qui marque les églises. Ce n’est pas pour rien si nous, français, sommes parfois si rationnels dans notre foi, ou les allemands si carrés, ou les italiens ou les anglo-saxons si exubérants. Le tour d’horizon que fait Jésus des églises doit nous rendre sensible à cette réalité. Toutes les églises locales qui sont dans le monde reflètent, dans une certaine mesure, la mentalité, la culture, les valeurs de l’environnement dans lequel elles se situent. A nous de veiller à ce que ces normes et cette influence ne prévalent pas au point, comme cela a déjà été le cas, de faire perdre à l’Eglise ce qui fait sa particularité et son identité premières : son appartenance à Christ, son Seigneur.

2. Laodicée :

Comme il en est pour les autres églises, il nous est impossible de comprendre la raison des termes et des expressions employés par le Seigneur pour parler aux chrétiens de Laodicée sans connaître l’histoire et les particularités de la ville dans laquelle l’église se situe.

1ère particularité de Laodicée : sa richesse. Réputée pour son industrie textile, Laodicée était une des villes les plus riches de la province d’Asie. Elle était à la foi un centre commercial pour toute la région et un centre bancaire important. Les historiens rapportent que la richesse de Laodicée était telle, qu’après le tremblement de terre qui la frappa en l’an 60, la ville refusa l’aide que voulait lui donner le gouvernement romain pour sa reconstruction. Grâce à leurs opérations bancaires, les laodicéens estimaient qu’ils avaient assez d’argent dans leurs coffres pour être autonomes et n’avoir besoin de personne.

Parallèle avec le sentiment qui habitait les chrétiens : je suis riche, je n’ai besoin de rien : Apoc 3,17.

2ème particularité : Outre sa richesse, Laodicée était célèbre pour ses sources thermales chaudes qui attiraient de nombreux malades. A Laodicée, on pouvait trouver de l’eau à toutes les températures possibles : chaude, froide où tiède. Le sachant, on comprend mieux l’allusion faite par Jésus aux chrétiens de Laodicée sur la température de leur état spirituel : Apoc 3,15.

3ème particularité enfin : Outre sa richesse et ses eaux thermales, une autre chose faisait le renom de Laodicée : son école de médecine où l’on soignait surtout les malades des yeux, grâce à un collyre fameux que l’on fabriquait sur place à l’aide d’une poudre nommée « baume de Phrygie ». Là aussi, on comprend mieux la raison de la référence de Jésus au collyre pour guérir l’aveuglement des Laodicéens : Apoc 3,18.

3. Les enseignements de la lettre :

A. Le nom sous lequel le Seigneur s’adresse à Laodicée : v 14

Nous l’avons vu : le nom sous lequel le Seigneur se présente aux différentes églises est en lien direct avec les difficultés particulières dont a à faire face la communauté à qui Il s’adresse. L’église de Laodicée n’échappe pas à la règle.

Voici ce que dit l’Amen, le témoin fidèle et vrai… A la lumière de la Bible, trois significations précises peuvent être données au mot Amen, que nous prononçons si souvent, sans peut-être nous rendre compte de sa portée :

1ère signification : Amen = Vérité. Même s’il n’est pas traduit de la sorte dans la Bible, le mot Amen est l’un des mots les plus souvent employés par Jésus. On le retrouve particulièrement chaque fois que, voulant appuyer une de ses déclarations, Jésus l’introduit par l’expression : En vérité, en vérité… Le mot traduit par en vérité dans nos Bibles est écrit Amen dans les écrits originaux. L’Amen c’est la vérité dite par Dieu.

2ème signification : nous la trouvons en 2 Cor 1,20. Paul, parlant des promesses que Dieu nous fait, nous dit que l’Amen que nous prononçons en guise de souhait pour leur réalisation, se trouve en Jésus. L’idée qui est ici énoncée par Paul en ce qui concerne l’Amen et que, sur le plan des promesses de Dieu, rien ne nous est possible en-dehors de Jésus. Tout passe obligatoirement par Lui !

L’objectif du Seigneur en se présentant à Laodicée sous cette expression est clair. Il veut rappeler à l’église que, quels que soient le confort et la suffisance dans laquelle elle vit, c’est Lui seul qui est le garant du trésor spirituel qu’elle possède vraiment. Jésus avertit ici l’église qu’elle ne doit pas confondre apparence et réalité. La vérité sur la richesse d’une église ne se trouve pas dans les biens qu’elle possède : beaux locaux, matériels sophistiqués, éclairage, sono nec plus ultra… Elle est dans sa capacité de dépendre de Dieu et de Christ pour vivre et être au bénéfice des promesses qu’Il fait dans Sa Parole.

3ème signification : l’Amen est la conclusion, la fin de tout : Apoc 22,20 : pratiquement le dernier mot de la Bible ! Puisque Jésus est l’Amen, qu’Il est à la fois le début et la fin de tout, l’église de Laodicée, comme toute église, ferait bien d’orienter les choix qu’elle fait en fonction, non du moment présent, mais de cette fin dernière à laquelle elle sera inévitablement un jour confrontée.

Si, selon ce que l’on peut penser, le message que le Seigneur adresse à l’église de Laodicée concerne le développement de l’Eglise dans sa phase terminale, celle qui précède le retour du Christ, la riaosn par Lui de l’emploi du nom sous lequel Il se présente devient alors très claire :

Deux styles de vie peuvent exister pour le chrétien des derniers temps :

- le premier est celui qu’a adopté l’église de Laodicée. C’est un style de vie centrée sur l’homme, sa satisfaction, son confort, son bien-être du moment présent. C’est un style de vie qui, contrairement à ce qui peut être confessé dans l’église, démontre qu’il n’a pas pour fin le Seigneur et l’éternité, mais l’homme et son épanouissement dans le présent. C’est le style de vie de ceux qui lient l’Evangile à la prospérité, la santé, le bien-être, la richesse qui sont, pour ceux qui y adhèrent, autant de marques de la bénédiction de Dieu : l’Evangile des droits de l’homme !

- le second est celui auquel le Seigneur appelle les laodicéens. C’est un style de vie où ce ne sont pas les choses présentes, mais Lui, Jésus, qui est la fin dernière, un style de vie centré sur le Christ, où, ce qui est recherché, n’est pas d’abord la réussite ici-bas, mais l’approbation du Seigneur et la récompense finale. C’est un style de vie plus austère qui exige à la fois un détachement (certes, on est dans le monde, mais on ne vit pas comme si le monde était l’essentiel) et une préoccupation, traduite par Paul en Phil 3,13, par ces mots :

« En ce qui me concerne une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière et tendant vers ce qui est en avant, je cours vers le but pour obtenir le prix de l’appel céleste de Dieu en Jésus-Christ. »

Tel est l’appel lancé par Jésus à l’Eglise de Laodicée… et à nous, chrétiens du XXIème siècle qui, peut-être, la représentons !

B. Les symptômes d’une vie chrétienne laodicéenne : ils sont triples :

1er symptôme : la tiédeur : v 15 et 16

Lorsqu’il est parlé ici de la tiédeur, le Seigneur n’évoque pas seulement une question de température. Il fait allusion au goût que lui laisse à la bouche les chrétiens de Laodicée. Je ne sais pas si vous êtes comme moi : mais une eau tiède, même naturelle, n’est pas agréable à boire. En général on apprécie une boisson lorsqu’elle est bien fraîche ou lorsqu’elle est bien chaude. On peut boire un café glacé ou un café chaud avec plaisir, mais le plaisir est gâché lorsque le café est tiède. Pour qui est surpris, le réflexe peut aller jusqu’à le recracher.

La question se pose : sommes nous pour le Seigneur une source de chaleur ou de rafraîchissement ; ou le goût qu’il ressent à notre contact est-il le même que celui que nous ressentons au contact d’une boisson tiède.

« Comme la fraîcheur de la neige au temps de la moisson est un messager fidèle pour celui qui l’envoie. il restaure l’âme de son maître : Prov 25,13.

« Si je dis : je ne ferai plus mention de Lui, je ne parlerai plus en Son nom. Il y a dans mon cœur , dit Jérémie, un feu dévorant qui est renfermé dans mes os. Je m’efforce de le contenir et je ne le puis : Jérémie 20,9.

Dans quel état se trouve notre cœur ce matin pour le Seigneur ? Le seigneur veut à notre contact sentir à la fois fraîcheur et chaleur ! Sachons qu’il nous est impossible d’être agréable au Seigneur si nous n’avons ni entrain, ni zèle, ni fidélité envers Lui !

2ème symptôme : la suffisance : v 17

Tu dis… Les chrétiens de Laodicée, estimaient, comme les autorités de la ville, n’avoir besoin de rien. Ils se suffisaient à eux-mêmes, trompés qu’ils étaient par leur apparente richesse. Il n’y a rien de plus grave pour la vie spirituelle que de n’avoir plus aucune soif, de ne ressentir aucun besoin d’être avec le Seigneur, de se nourrir de Sa Parole, de progresser.

La suffisance dans la vie chrétienne est toujours un signe de tiédeur, de pauvreté spirituelle et d’aveuglement (3ème symptôme) !

C. Le remède préconisé par le Seigneur pour Laodicée :

Les signes ou les symptômes d’une vie chrétienne laodicéenne étant triples, le Seigneur prescrit en vue de la guérison de cet état un triple remède :

1er remède : pour la guérir de sa pauvreté spirituelle, Il lui conseille d’acheter de l’or purifié par le feu : v 18

Qu’est ce que cet or ? Pierre nous en donne dans sa première épître la définition : 1 Pierre 1,6-7. Cet or éprouvé par le feu est une foi de qualité, semblable à celle de l’or lorsque, passé par le feu, il est débarrassé de tous les matériaux impurs qui lui étaient associés. Le désir de Dieu est que notre foi, comme l’or, soit un matériau pur, qu’elle soit débarrassée dans ce qui fait son attente de tout ce qui ne correspond pas à ce que Dieu nous a promis.

Rappelons-nous toujours que si Dieu nous déçoit, cela n’est dû en rien au fait qu’Il n’honorerait pas Ses promesses à notre égard, mais uniquement au fait que nous avions envers Lui des attentes pour lesquelles Il ne s’est jamais engagé. Dieu ne nous a promis ni la réussite dans ce monde, ni une vie facile ou sans épreuve. Ce qu’Il a nous a promis est d’être avec nous dans tout ce que nous vivrons pour nous garder pour le jour du salut !

2ème remède : pour la délivrer de sa nudité, Il lui conseille d’acheter des vêtements blancs.

Il est fort probable qu’étant riches, les membres de l’église de Laodicée se démarquaient des autres par leur habillement soigné et raffiné. Derrière l’apparence, le Seigneur connaissait le véritable état de chacun, en particulier la pauvreté de cœur affligeante dans lequel la majorité se trouvait.

Jésus leur conseille donc d’acheter des vêtements blancs. Les vêtements blancs dans l’Apocalypse, c’est à la fois les œuvres et la marque du caractère chrétien qui parent les saints devant Dieu : Apoc 19,8 ; cf 1 Pierre 3,4-5. Notre véritable beauté devant Dieu n’est pas dans notre physique ou notre apparence, mais dans notre douceur et notre amour pour le Christ.

3ème remède : pour la délivrer de son aveuglement, il lui conseille d’acheter un collyre

L’œil, a dit Jésus, est la lampe du corps. Si tout ton œil est en bon état, tout ton corps sera illuminé : Mat 6,22. Ote premièrement la poutre qui est dans ton œil, a encore dit Jésus, et tu verras comment ôter la paille dans l’œil de ton frère : Mat 7,5.

Une église qui a des yeux malades est une église qui ne voit plus clair, qui ne sait plus discerner l’erreur de la vérité, l’important de l’accessoire, le prioritaire du secondaire. Ce trouble visuel la rend inévitablement vulnérable aux séducteurs qui, certes, peuvent lui en mettre plein la vue, mais la rendent encore plus aveugle que ce qu’elle n’était. Ce dont l’Eglise a besoin est, non de la vue humaine des choses, mais de la vision nette que donne l’Esprit à celui qui se soumet à Christ : cf 1 Jean 2,26-27.

Une foi centrée sur l’essentiel, débarrassée des éléments humains qui lui sont étrangers, les vêtements blancs du caractère et des œuvres chrétiennes, le discernement que donne l’Esprit : tels sont les trois traitement prescrits par le Seigneur pour remédier à l’état de tiédeur de Laodicée.

Avec à la clé deux promesses :

- pour le présent : le retour à une intimité personnelle avec Lui : 3,20

- pour l’éternité : la promesse au vainqueur du monde et de son esprit du partage de la royauté avec Christ : 3,21

Que le Seigneur nous donne d’appliquer chaque jour dans notre vie les traitements prescrits ici pour nous garder de la corruption du monde !

Je viens bientôt !

dimanche 11 avril 2010

Chapitre 3, 7 à 13 : lettre à l'église de Philadelphie



1. Introduction :

Après Ephèse (l’Eglise en péril de perdre son premier amour), Smyrne (l’Eglise exposée à la souffrance et à la persécution), Pergame (l’Eglise pénétrée par le mélange doctrinal), Thyatire (l’Eglise dirigée par une fausse prophétesse), Sardes ( l’Eglise réputée vivante quoique morte), c’est à Philadelphie, dans la même région de la Turquie actuelle que les autres églises que le Seigneur nous conduit ce matin, pour entrer dans l’une des étapes présentées comme l’une des plus encourageantes de l’histoire de l’Eglise : l’étape d’une Eglise, certes faible (c’est là, sur le plan de l’apparence, sa principale déficience), mais une Eglise qui, dans sa faiblesse, fait l’expérience du plein soutien de l’autorité et de la puissance de Dieu pour subjuguer même ses ennemis les plus puissants !

Nous allons, verset par verset, essayé de comprendre, comme nous l’avons fait pour les autres lettres, tout ce que, comme le dit Jean, l’Esprit veut dire et enseigner à l’Eglise d’aujourd’hui au sujet de ce qu’il dit à l’église locale de l’époque, l’église de Philadelphie !

2. Ecris à l’ange de l’Eglise de Philadelphie : v 7

Si l’Eglise locale de Philadelphie ne reçoit que des éloges, cela est peut-être dû au fait qu’elle est l’une des rares églises dans laquelle le Seigneur pouvait voir et constater avec bonheur la pratique de ce qu’il aurait aimé trouver dans toutes les autres. Philadelphie signifiait en effet « Amour fraternel ». Le nom donné à la ville ne vient pas du hasard. Selon certains historiens, la ville serait née de la réconciliation de deux frères, le roi de Pergame et celui de la province de Lydie. Lassés des guerres et des rivalités qui les opposaient, les deux rois conclurent un accord au terme duquel naîtra Philadelphie, la ville de l’amour fraternel !

« Je vous donne un commandement nouveau : que vous vous aimiez les uns les autres ; comme je vous ai aimés, que vous aussi, vous vous aimiez les uns les autres. Si vous avez de l’amour les uns pour les autres, tous sauront que vous êtes Mes disciples : Jean 13,34-35. »

La première chose qui faisait la force de l’Eglise de Philadelphie est ce que Jésus a indiqué comme étant le signe distinctif par lequel la communauté de Ses disciples imposerait la force de son témoignage dans le monde : l’amour fraternel.

3. Les 4 qualités de l’Eglise de Philadelphie :

Comme il en est pour les autres églises, les noms sous lesquels le Seigneur se présente à l’église de Philadelphie sont fortement liés à son état et sa situation.

4 choses, présentées comme des atouts ou des qualités, caractérisent l’Eglise de Philadelphie :

a. la 1ère qualité, qui pourrait être comprise comme un handicap, mais qui, aux yeux du Seigneur, n’en est pas un, est l’état de faiblesse apparente dans lequel se trouve l’Eglise : v 8 : parce que tu as peu de puissance.

Parlant de faiblesse, il ne faudrait cependant pas se méprendre sur ce que le Seigneur entend. Trop souvent, lorsque nous parlons de faiblesse, nous chrétiens la confondons avec la médiocrité. Jamais, dans la Bible et dans les yeux du Seigneur, la médiocrité ne nous est présentée comme une qualité ou une vertu. Ce que Dieu attend de nous Ses enfants est, non la médiocrité, mais l’excellence, une justice et une sainteté qui, dira Jésus, surpassent celle des pharisiens. L’Eglise de Corinthe était une église médiocre sur le plan de son comportement et de son témoignage. A aucun moment, elle ne reçoit, comme l’église de Phildelphie, d’éloges de la part du Seigneur.

Si le Seigneur parle de faiblesse à propos de Philadelphie, c’est plutôt au regard des puissances du monde qu’il le fait. Ce que le Seigneur dit ici est qu’il connaît la situation de minorité dans laquelle se trouvent les chrétiens de Philadelphie. Il sait à quel point, à cause peut-être de leur petit nombre ou de l’absence de personnes d’influence en elle, l’Eglise paraît comme un groupuscule insignifiant aux yeux du monde. Cette faiblesse là, contrairement à celle due à la tiédeur et au compromis, n’est pas un obstacle pour le Seigneur. L’Eglise peut être dans un lieu donné très petite et minoritaire. Elle se trouve, dit le Seigneur, dans les meilleures conditions pour qu’à travers elle, comme il en était pour l’apôtre Paul quand il se sentait le plus faible : 2 Cor 12,8 à 10. Dieu manifeste Sa force !

b. la seconde qualité mentionnée comme étant une force de l’église de Philadelphie était sa fidélité à la Parole de Dieu : v 8 : parce que tu as gardé ma Parole.

Le fait de garder la Parole de Dieu peut s’entendre de deux manières qui, sans doute, devaient être présentes dans l’église de Philadelphie. La première fait référence, comme Jésus l’a souligné, à l’obéissance des chrétiens à cette Parole :

« La semence qui est tombée dans la bonne terre, ce sont ceux qui entendent la parole avec un cœur noble et bon, la retiennent et portent du fruit avec persévérance : Luc 8,15… Tandis que Jésus parlait, une femme lui dit : heureux le ventre qui t’a porté et les seins qui t’ont allaité ! Mais Jésus lui répondit : heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la gardent ! »

Garder la Parole a cependant, dans le contexte de l’Apocalypse, un autre sens. Garder la Parole, c’est contrairement à ce qui s’est passé à Pergame et à Thyatire, conserver le bon dépôt, veiller à ce qui est enseigné sur le plan doctrinal corresponde réellement à ce que le Seigneur a voulu transmettre :

« O Timothée, garde le dépôt, en évitant les discours vains et profanes, et les disputes de la fausse science ! 1 Tim 6,12. Garde le bon dépôt par le Saint–Esprit qui habite en nous : 2 Tim 1,14. Je vous encourage, dit par ailleurs Jude aux chrétiens à qui il écrit, à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes : Jude v 3.

c. la 3ème qualité mentionnée après la faiblesse et la fidélité à la Parole est la loyauté envers Christ : parce que tu n’as pas renié mon nom.

Nous sommes toujours, souvenons-nous en, au temps où Jean écrit cette lettre, dans un contexte de persécution intense. Si l’Eglise était attaquée sur le plan doctrinal, elle l’était aussi, souvent, de manière violente sur le plan physique, les adeptes d’un autre culte ne voyant pas d’un bon œil la naissance d’une communauté qui ne reconnaissait comme Seigneur que le Christ.

Si le Seigneur relève la loyauté de l’église de Philadelphie envers Son nom, c’est d’abord parce que, peut-être contrairement à d’autres, les chrétiens de Philadelphie n’ont jamais accepté de céder à la pression environnante et aux exigences de ceux qui, comme cela se passe encore dans certains pays aujourd’hui, voulaient qu’ils renient leur Seigneur ou, du moins, qu’ils acceptent de partager l’hommage qu’ils lui rendaient avec d’autres divinités.

Etre loyal à Christ, ce n’est pas seulement Le confesser de sa bouche, c’est refuser que toute autre idole, entité, culte partage la place royale qu’il revient à Lui seul d’occuper dans nos cœurs.

4. la 4ème qualité que le Seigneur reconnaît à l’église de Philadelphie est la persévérance : v 10 : parce que tu as gardé la parole de la persévérance en moi.

Il y aurait eu sur le chemin de l’Eglise de Philadelphie, comme il y en a aussi sur notre chemin, mille raisons dans la course de la foi de baisser les bras ou de s’arrêter : comme le dira Paul, luttes au-dehors et craintes au-dedans. Mais l’Eglise de Philadelphie, malgré l’opposition et les vents contraires, avait persévéré et tenu bon. Elle avait gardé le cap et n’avait jamais perdu de vue les promesses merveilleuses liées à l’attachement à la Personne de Christ.

Nous pourrions penser, en voyant la faiblesse, le peu de puissance qui caractérisait l’Eglise de Philadelphie, que celle-ci ne se trouvait pas dans les meilleures conditions pour persévérer. Or, c’est justement l’inverse qui s’est produit. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le fait d’être peu nombreux, une minorité, ou de ne pas avoir d’influence n’est pas un désavantage, mais un atout pour la persévérance. C’est non dans la facilité, mais dans le creuset de la difficulté que, souvent, s’épanouit le mieux la fleur de la persévérance.

5. Les promesses faites à l’Eglise de Philadelphie :

Elles sont d’abord liées au nom que le Seigneur utilise pour s’adresser à elle. Ces noms, comme je l’ai dit, sont quant à eux étroitement liés à la situation dans laquelle se trouve l’Eglise.

1ère promesse : parce que l’Eglise de Philadelphie a peu de puissance, le Seigneur, à qui appartient la clef de David (référence à un texte du livre d’Esaïe : Esaïe 22,22)., lui promet d’ouvrir devant elle une porte que nul ne pourra fermer. Sa prédication, son témoignage seront tels que, même ses ennemis devront un jour reconnaître qu’elle n’a pas été simplement une petite communauté minoritaire, mais l’Eglise aimée du Seigneur.

C’est un encouragement pour nous qui nous sentons parfois si insignifiants dans ce monde.

2ème promesse : parce qu’elle a été fidèle au Seigneur et qu’elle a gardé Sa parole, le Seigneur, qui est le saint et le Véritable, s’engage à la garder hors de l’épreuve qui viendra sur le monde pour éprouver les habitants de la terre.

Ya-t-il ici une allusion à l’enlèvement de l’Eglise qui, comme Loth et Noé en leur temps ont été sauvés, épargnés du jugement qui venait ? C’est possible ! Croyons en tout cas que le Seigneur sait, en temps voulu, faire la différence entre les justes et les injustes et rendre à chacun selon ce que méritent leur foi et leurs œuvres !

3ème promesse : c’est celle que l’on trouve dans l’énumération des récompenses célestes qui attendent tous ceux qui font partie de Philadelphie. C’est la promesse de se trouver dans une place privilégiée dans le monde nouveau qui fera suite à celui-ci.

La récompense promise à ceux de Philadelphie nous rappelle que la gloire promise aux uns et aux autres n’est pas la même. Elle varie selon le degré de fidélité que le Seigneur aura trouvé chez les Siens, compte tenu des circonstances dans lesquelles ils auront vécu.

6. Conclusion :

Sur le plan historique, il est possible que Philadelphie représente l’étape de l’histoire de l’Eglise qui a suivi la Réforme. Il y eut, à cette époque, d’innombrables communautés clandestines qui, par la suite, donneront naissance à de grands mouvement missionnaires qui ont apporté la Parole de Dieu jusqu’au bout du monde. C’est de ces communautés et de ces mouvements que sont aussi issues les églises évangéliques qui, longtemps, on fait partie, de ce qu’un historien a appelé l’Eglise ignorée.

Parmi les figures de l’Eglise de Philadelphie, on pourrait citer de grands noms aujourd’hui respectés, mais qui, en leur temps, furent méconnus : Hudson Taylor, le conte de Zinzendorf, l’écossais Robert Haldane, Félix Neff, l’apôtre des Hautes-Alpes, William Booth (Armée du salut), Charles et John Wesley, Georges Müller (les orphelinats), Jacob Spener (les piétistes), Charles Spurgeon…

A l’Eglise de Philadelphie, faible, peu influente, soumise à de fortes pressions, le Seigneur ne donna qu’un seul mot d’ordre : reste attaché à ce que tu as pour que personne ne prenne ta couronne : v 11. Que ce mot d’ordre soit aussi le nôtre pour cette année qui débute !



Je viens bientôt !